Celui-là, c’est pour les amateurs de heavy métal. Retour au printemps de ma puberté et à ses bourgeons de sébum.
Le plusse meilleur pays, vaut mieux en rire (et s’en indigner) que d’en pleurer.
Le Canada à l’ONU – Un discours à l’eau
Josée Boileau – 3 octobre 2012 – Le Devoir
Le Canada maintient le cap. En critiquant l’ONU, en se repliant sur quelques alliés dont le chef de file est Israël, en privilégiant les manoeuvres de force au détriment des échanges multilatéraux, il continue de s’isoler sur la scène internationale. Il n’y a pas lieu d’applaudir.
John Baird, notre ministre des Affaires étrangères, a fait la leçon lundi à l’ONU. L’organisation est trop centrée sur son nombril, elle doit « maintenant tourner le regard vers l’extérieur » afin, notamment, d’arriver à des changements de régime en Syrie et en Iran.
M. Baird reprenait ainsi la dénonciation faite la semaine dernière à New York (mais pas à l’ONU !) par le premier ministre Stephen Harper, et la même ligne fut par la suite servie aux Communes par le secrétaire parlementaire du ministre Baird : « La politique du Canada ne consiste plus à plaire à tous les dictateurs qui disposent du droit de vote aux Nations unies », a-t-il répondu au NPD.
Cette posture canadienne n’a d’angélique que l’apparence. Elle traduit plutôt l’envie d’en découdre sur la scène du monde, comme le Canada a pu le faire lors de la révolte libyenne en déployant une flotte aérienne qui a occupé notre armée sans risquer la vie des soldats canadiens – le meilleur des mondes après les morts d’Afghanistan.
Dans cet esprit, le gouvernement de M. Harper ne veut surtout pas voir que Libye et Syrie, si on y trouve le même désespoir que cause toute guerre, ne sont pas de la même eau. La Syrie est une puissance militaire, qui s’appuie sur une tradition et de l’équipement. La Libye n’avait ni l’un ni l’autre, et ses tensions étaient internes : plus aucun pays n’appuyait Kadhafi. Alors que derrière la Syrie, c’est l’Iran qui se profile, et face à l’Iran, c’est Israël. On ne mesure pas les conséquences d’un embrasement de la région. D’où la prudence américaine qui contraste avec les gros bras canadiens qui nous tiennent maintenant lieu de politique internationale.
Un exemple de ces gros bras ? L’an dernier, M. Harper n’avait pas voulu répondre à l’invitation du G8, alors présidé par la France, de verser une aide directe aux pays secoués par le printemps arabe afin de contribuer à leur cheminement vers la démocratie. Le gouvernement conservateur estimait en effet déjà faire son effort puisqu’il était militairement engagé en Libye !
Autre exemple, récent celui-là : le refus canadien que la Francophonie demande officiellement à l’ONU d’assurer à l’Afrique un siège permanent au Conseil de sécurité. Même si la France et une trentaine de pays africains sont d’accord, même si longtemps l’Afrique a vu le Canada comme un allié qui lui donnait de l’air face aux anciennes puissances coloniales. Le Canada ne veut rien savoir parce que cela nuirait à ses chances d’accéder lui-même au Conseil. (Comme si les conservateurs n’avaient pas eux-mêmes bousillé notre candidature en 2010 !)
Cette manière simpliste d’envisager les rapports internationaux détonne dans un environnement de plus en plus complexe, où tous les champs d’intervention devraient être occupés, particulièrement par un pays comme le Canada, qui a une tradition de médiateur que les conservateurs sont à sacrifier.
Nul n’a envie de faire la part belle aux dictateurs de ce monde, mais les leçons du Canada porteraient bien davantage si elles s’appuyaient sur une politique qui ratisse large, qui porte un regard global sur les maux des peuples. Ce n’est plus le cas, et nous n’assurons plus que le service minimum dans les forums comme l’ONU où ne se retrouvent pas que des interlocuteurs-amis. Les critiques canadiennes tombent donc à plat. Qui donc, hors Israël, se préoccupe encore de notre voix ?
Laisser un commentaire