Voilà un bout de temps que je voulais pondre quelque chose sur le Mali, le pays des Dogons dont m’a si souvent parlé mon pote Gérald Côté. Une fois Kadhafi lynché suite à l’intervention occidentale en Libye, le Mali s’est tapé un méchant «dégât collatéral», pour reprendre le terme aseptisé de W. Bush… Depuis, des islamistes inspirés, ragaillardis par un soudain déferlement d’armes, s’en donnent à cœur joie pour fabriquer leur Afghanistan Africain. Un sale Mali mélo.
Ci-dessous, un article paru il y a moment déjà, avant que l’ONU n’envisage une intervention. Ça donne une idée de l’ambiance :
Entre peurs et résistances, la charia régente le Nord-Mali
Ousmane Daba, l’un des chefs du Conseil régional des jeunes de Gao affirme :
« Même les petites filles doivent être couvertes, les infirmières aussi sinon il y des remontrances. »
Le Mujao, né d’une scission d’Al Qaeda au Maghreb islamique (Aqmi), aurait « libéré » la ville de la peur du MLNA, mouvement séparatiste touareg il y a plusieurs semaines.
Dans un premier temps, les hommes du Mujao étaient plutôt bien vus à Gao, car ils s’opposaient aux rebelles touareg du Mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA), accusés de nombreuses violences et exactions dans la ville, avant d’en être chassés par le Mujao le 27 juin après de violents combats.
Plusieurs habitants interrogés par le Figaro affirment n’avoir « aucun problème avec les islamistes ».
Amputation, lapidation et mariages express
Mais mercredi l’amputation de la main d’un voleur présumé de la ville d’Ansongo a poussé le gouvernement de Bamako à envisager un peu plus sérieusement une intervention militaire pour « libérer » le Nord. Le 29 juillet dernier, à Agelhoc, un couple accusé d’avoir eu des enfants hors mariage avait déjà été lapidé à mort.
Selon l’envoyé spécial de RFI, « depuis, dans toute la région, les populations vivent dans la crainte ». Il évoque la ville de Tessalit :
« Occupée depuis mi-mars par les islamistes, Tessalit n’est plus que l’ombre d’elle-même.
Cette commune, dotée d’un aéroport stratégique, est désormais coupée du reste du monde. Les nouvelles arrivent par bribes, via des nomades qui font la navette avec la ville algérienne de Borj.
Selon un habitant, les plus riches et les plus chanceux sont partis. Ceux qui restent vivent désormais le calvaire de la contrainte. Les islamistes d’Ansar Dine ont édicté une règle rigoriste : les femmes ne doivent pas sortir, les hommes doivent impérativement assister aux différentes prières quotidiennes à la mosquée. La sanction est connue : deux prières oubliées, dix coups de fouet. Une femme qui se promène en présence d’un homme étranger à sa famille : 20 coups de fouet.
Tout le monde obéit : la peur de l’humiliation publique est trop forte, nous explique un habitant de Tessalit qui a pris la fuite avec toute sa famille. Les hommes d’Aqmi sont là, mais ils restent discrets. Ce sont les hommes de Iyad ag Ghali qui gèrent la ville, l’eau, le carburant, mais aussi le centre de recrutement des enfants soldats installé dans les locaux de l’école aujourd’hui fermée. Ils sont 80, de 6 à 14 ans, nous explique-t-on. Les enfants y apprennent le Coran et le maniement des armes.
Tessalit la fière, la ville des musiciens et des tendé [danse touareg, ndlr] connaît aussi les mariages arrangés. Les combattants islamistes prennent des femmes pour échapper au châtiment divin. Des femmes qu’ils abandonnent à leur départ. »
L’interdiction de se baigner est levée
Autre son de cloche selon le Figaro : le Mujao, entré dans la ville dans les pas du MNLA, se serait mué en défenseur du peuple et cherche à se rendre utile :
« Les barbus ont lancé une “politique de grands travaux”, curant les caniveaux de la ville, à l’abandon depuis un demi-siècle. Ils s’attachent à faire tourner la centrale électrique six heures par jour.
Les interdictions, comme celle de jouer au foot, d’écouter de la musique “haram” ou de se baigner dans un fleuve, très impopulaires, ont été levées. Jusqu’à nouvel ordre. »
Il ya quelques jours TV5 avait diffusé un document sur la résistance des jeunes de Gao à l’instauration de la charia. Résistance qui avait évité à un jeune voleur une amputation.
Comme le relatait Rue89 en juillet, le Mujao recrute et forme de jeunes recrues, parfois à peine âgées de 10 ans, pour faire appliquer la charia.
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