Voilà ce que j’ai pondu après avoir pris connaissance de la triste nouvelle. Première pensée : cette loi spéciale est d’une violence inouïe. Ma seconde pensée fut bien sûr pour le mouton insignifiant et le dessin que j’en avait fait, en sado-maso. Un Charest trop longiligne, au trait pas assez nerveux, trop bidouillé… Ce dessin n’est pas mon favori mais il a été fait à chaud.
Ci-dessous, dessin fait pour le blog mais publié chez Ensemble. C’est ce qu’on appelle avancer à tâtons… Un couillon capable de bien nous enfoncer. Un trou de cul dangereux. Paru au moment ou Charest jouait aux humoristes au Salon du Plan Nord alors qu’à l’extérieur, les manifestants se prenaient des matraques et des lacrymos plein la gueule…
Et un autre couillon qui peut en prendre… Legault.
Je porterai dorénavant un carré noir
18 mai 2012 11h55 · Normand Baillargeon – Voir
Quand la vérité n’est pas libre, la liberté n’est pas vraie.
Les vérités de la Police sont les vérités d’aujourd’hui.
Jacques Prévert
Je porterai dorénavant un carré noir. [Ajout: sans enlever le rouge, bien entendu.Et les deux ensemble font un bien beau drapeau]
Je le porterai d’abord en solidarité avec ces jeunes gens que l’on a sans répit humiliés, battus, matraqués, et gazés et pour ne jamais oublier ce qu’on leur a fait.
Je le porterai pour me rappeler que je suis en deuil de la démocratie, pour dire à tous et à toutes ma tristesse devant ce qui ressemble désormais plus, et je pèse mes mots, à une association de malfaiteurs qu’à un Gouvernement, à un rassemblement de mafieux gangrénés par la corruption et autour desquels flotte, immanquable, la nauséabonde odeur du scandale et du mépris de la société civile.
Je le porterai pour me rappeler qu’on m’a menti en assurant que le débat sur les frais de scolarité a eu lieu : les étudiants et les professeurs se sont en effet retirés de ces consultations bidon organisées par les Libéraux et durant lesquelles il ne pouvait être sereinement traité; et pour me rappeler que ce gouvernement a ensuite refusé de discuter de cette question dans toute son ampleur et avec sérieux, ce que seuls des états généraux peuvent accomplir.
Je le porterai pour me rappeler ces efforts de dissolution du politique dans le juridique.
Je le porterai pour me rappeler votre trop longtemps maintenu refus de négocier et, ce moment venu, votre inébranlable refus d’aborder les questions que posaient les étudiants et les étudiantes en grève.
Je le porterai pour me rappeler que je suis en deuil de la démocratie délibérative, assassinée par des faiseurs d’opinion que je ne peux me résoudre à appeler des journalistes et dont les excès de langage ont dépassé de loin tout ce que j’ai vu dans ma vie.
Je le porterai pour me rappeler ces sondages non probabilistes qui ont, c’est une honte, été ce que nous avons eu de mieux à nous offrir dans le cadre de notre conversation démocratique sur un enjeu de cette importance.
Je le porterai aussi en deuil de ces mots de la langue qui ont été bien malmenés ces derniers temps : grève, démocratie, accessibilité, et pour ne pas oublier que ces perversions du langage ont consisté à faire d’un enjeu collectif et politique une affaire individuelle, marchande et économique
Je le porterai pour la liberté d’expression, d’association et de manifestation que cette inique loi spéciale poignarde au coeur.
Je le porterai en solidarité avec mes compagnons libertaires qu’on humilie, qu’on bat, qu’on matraque, et qu’on gaze, comme les autres, mais qu’on calomnie aussi.
Je le porterai donc pour me rappeler l’immense et noble espoir que l’anarchisme n’a cessé de porter : celui d’une société libre, démocratique, égalitaire et sans pouvoir illégitime, pour me rappeler cet idéal que j’aime infiniment et dont ne connaissent manifestement rien ceux et celles qui lui crachent aujourd’hui dessus.
Je le porterai enfin et surtout pour me souvenir que des jeunes gens, un moment, chez nous, ont incarné cet idéal: et que si les gouvernements passent, cet idéal, lui, ne mourra jamais.
Je porterai dorénavant un carré noir.
Et je vous invite à en porter un, vous aussi : les raisons pour ce faire ne manquent hélas pas.
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