Écrit le lundi 28 avril 2008
Intrusion évangélique
Noyer le poisson?
Dissection du communiqué de presse véreux de Kativik
«Une démonstration de l’absurde de la position de la Commission Scolaire Kativik. Construit de propos oscillant entre le mépris et le grotesque, ce communiqué de presse est une manoeuvre pathétique qu’il convient de décrypter».
Aprilus rétorque : Au coeur de l’incident de Salluit? De quel « incident » s’agit-il? De cette journée de février 2005, quand Peter Keatainak a fait irruption dans l’école pour adulte et a fait feu sur une enseignante de 43 ans, la blessant gravement, pour ensuite s’enlever la vie? Non? Ah bon! C’est cette histoire de censure alors. Mais qu’est-ce que le respect vient faire là dedans? La Commission Scolaire Kativik, surtout quand elle pointe du doigt publiquement un de ses enseignants, toujours en poste, ne fait pas vraiment tout pour respecter, anticiper les vrais incidents et protéger ses enseignants…
Kativik : La Commission scolaire Kativik ne
censure pas ses enseignants et aucun groupe religieux ne dicte à la Commission
scolaire ce qui peut ou non être enseigné dans nos écoles.
Aprilus : Et pourtant! Quand la Commission Scolaire Kativik accepte que soit demandé à ses enseignants de ne pas parler de l’évolution et des autres religions, on peut parler de censure. Du moins, si l’on se fie au dictionnaire qui défini le verbe censurer comme amputer, avoir à redire, barrer, biffer, condamner, couper, désaprouver, effacer, interdire, prohiber, proscrire, sabrer, supprimer, tronquer des portions, d’un film, d’une lettre, etc. Dans le cas présent, les portions constituent d’une part, la théorie de l’évolution, laquelle permet ni plus, ni moins, de donner un sens aux sciences naturelles et d’autre part, les autres religions dans leur ensemble, lesquelles sont incontournables dans l’enseignement de l’histoire de l’humanité.
De plus, cette caution de censure, ce mensonge grossier, est tout sauf respectueux de l’ensemble du personnel enseignant présent au moment où l’administration de l’école Ikusik donnait ses directives de censure. Kativik a-t-elle déduit que tous les enseignants présents à cette occasion ont rêvés? Que bien-sûr, avec la démonstration d’une telle démesure, terrifiés, ils allaient tous se taire?
Kativik : A partir de l’année scolaire 2006-2007, le programme d’études sera officiellement normalisé dans toutes les écoles du Nunavik de manière à assurer que tous nos enfants aient la même chance d’apprendre le même contenu et d’obtenir leur diplôme d’études secondaires avec les mêmes connaissances. L’enseignant au centre de cette controverse a décidé, de sa propre initiative, d’incorporer la « Théorie de l’évolution » à plusieurs reprises dans le contexte de son enseignement, malgré le fait qu’il avait été averti plusieurs fois par la direction de l’école du caractère délicat de cette question. Sa justification, c’est que les élèves du Nunavik « devraient avoir le même droit à la même éducation que les autres élèves ». Nous sommes d’accord, mais les Inuit du Nunavik devraient également avoir le droit de voir à ce que leurs points de vue et leur mode de vie soient respectés par nos enseignants. En vertu en particulier du chapitre 17 de la Convention de la Baie-James et du Nord québécois, protégée par la Constitution, et aussi conformément à la Loi sur l’instruction publique pour les autochtones cris, inuit et naskapis, la Commission scolaire Kativik a le droit et la responsabilité d’élaborer des programmes et du matériel pédagogique en inuktitut, en anglais et en français, du moment que nous rencontrons les objectifs prescrits par le ministère de l’Education, du Loisir et du Sport. Nos élèves ont le même droit à l’information que tous les autres élèves au Canada ou en Amérique du Nord. Il y a des livres sur la « Théorie de l’évolution » dans nos bibliothèques scolaires, que nos élèves sont libres de consulter et tous nos élèves ont accès au World Wide Web.
Est-il normal de menacer un enseignant de mesures disciplinaires sous prétexte, qu’avec le souci de toucher le quotidien de chasseurs de ses élèves, il évoque, une histoire de la vie « différente » de celle de la Bible, expliquant , par exemple, l’origine des bélugas, des renards arctiques, etc.? Les élèves peuvent donc s’intéresser au sujet (car oui, certains le sont réellement) mais il est malvenu qu’ils en causent avec leur enseignant – surtout si celui-ci a une formation universitaire en biologie lui permettant de le présenter adéquatement!
Et ces indésirables « autres » religions du monde… Que faire alors quand des élèves demandent à leur enseignant pourquoi il est marié sans toutefois porter d’alliance ? Sacrilège à étouffer? L’enseignant est-il fautif quand, pour exploiter un intérêt certain, il offre à ses élèves une parenthèse sur les religions du monde et celles des anciennes civilisations ? Parler du fait que certains peuples ont plusieurs dieux ou du chamanisme est-il un sujet trop délicat pour les élèves inuit?
Opposer la science à la spiritualité est une attitude qui n’a pas sa place dans une école publique – au Nunavik comme à Montréal! Les fanatiques froissés n’ont qu’à se faire financer une école privée – les fonds ne manqueront certainement pas avec la Bible Belt américaine. Kativik veut faire croire que l’ensemble d’une communauté est favorable à la censure de ces sujets. Une terrible erreur qui renforce la position d’une poignée d’exaltés intolérants. Kativik semble ignorer qu’il existe nombre d’inuit en désaccord – en témoigne les courriers envoyés au journal Nunatsiaq News et les commentaires de Lisa Koperqualuk dans le reportage Dimanche Magazine sur Radio-Canada – mais que ceux-ci préfèrent garder le silence.
Jouer à l’ambassadeur culturel des inuits nécessite plus de subtilité…
Renseignements: Debbie Astroff, Agente de relations publiques, Commission scolaire Kativik.
Bien que Kativik affirme ne pas censurer ses enseignants, dans les faits, un membre du conseil de parents représentant une fraction des habitants de son village, peut approcher le directeur d’une école, demander à ce que l’évolution ne soit pas abordée en classe et être exaucé le plus naturellement du monde. La Commission scolaire va même jusqu’à s’appliquer à camoufler ce scandale! Que Kativik nous serve ensuite des discours sur le respect de la culture en se conduisant aussi durement et de façon aussi irresponsable envers un de ses enseignant, toujours en poste, a de quoi inquiéter! Il y a mieux pour attirer des enseignants dans le Nunavik.
Et pour clore le tout, la signature de Debbie Astroff?! Annie Grenier (Directrice Générale) aurait mieux fait de signer ce communiqué de presse elle-même!
Pour poursuivre la dissection voir aussi :
Parents: Don’t teach evolution to our kids. School board: OK.
Teaching evolution disrespectful to cultural traditions
Quebec Ministry of Education investigating complaint over evolution
Malheureusement, l’entrevue où l’on pouvait entendre Gaston Pelletier (directeur des services éducatifs) mentir ouvertement a été retirée; il s’agissait de Whole Show Blow-by-Blow – The Current for Show May 19, 2006 sur la radio de Radio-Canada. L’administration de l’école Ikusik n’a décidément aucun reproche à se faire et les enseignants de cette école sont tous des imbéciles qui hallucinent! Rien ne s’est produit, circulez, y’a rien a voir!
L’article qui déclencha les hostilité de Kativik à mon endroit:
Dans certaines écoles du Nunavik, on interdit aux professeurs d’enseigner la théorie de l’évolution.
par Noémi Mercier
Québec Science
On se croirait dans un de ces bastions créationnistes du Midwest ou du sud des États-Unis. Là-bas, des chrétiens conservateurs mènent une bataille acharnée pour que, dans les cours de science, la théorie de l’évolution soit remplacée par des explications divines des origines de la vie (Québec Science, avril 2006). Et pourtant, l’incident s’est déroulé au Québec, à Salluit, un village inuit de 1 150 âmes situé à l’extrême nord du Nunavik.
«Dès que je parle d’une période antérieure à 6 000 ans avant notre ère, date à laquelle Dieu aurait créé la Terre, je suis considéré comme fautif par l’administration de l’école», souligne Alexandre April, lui-même formé en biologie et en enseignement des sciences.
La tension a monté d’un cran en avril 2006, après qu’il eut présenté, dans un cours de première secondaire portant sur l’histoire des civilisations, Il était une fois l’homme, une série d’animation qui raconte l’histoire de l’homme à travers les âges.
La direction l’a alors convoqué pour le sommer de respecter la consigne «anti-évolution». «Faute de quoi, on m’a averti que je recevrais une lettre sanctionnant mon insubordination», raconte-t-il. Il lui est aussi interdit de répondre aux interrogations des élèves qui sont pourtant nombreux, dit-il, à le questionner sur ce sujet proscrit. «La plupart des professeurs préfèrent ne pas faire de vagues. C’est déjà éprouvant d’enseigner dans une communauté inuite: on est isolé, minoritaire. On ne veut pas froisser les gens, alors on préfère céder. Il s’agit toutefois d’une école publique et les élèves du Nord devraient avoir droit à la même éducation que les autres», estime l’instituteur qui a déjà remis sa démission et qui quittera la région d’ici quelques semaines. La directrice de l’école, Annie Alaku, et le directeur adjoint, Charles Roy, ont quant à eux refusé de répondre aux questions de Québec Science.
Salluit n’est pas le seul village du Nunavik où on escamote une partie de la matière pour ménager les sensibilités des habitants, selon Gaston Pelletier, directeur des services éducatifs à la commission scolaire Kativik. Cette organisation dessert près de 3 000 élèves dans 14 communautés inuites, sur un territoire de près de 650 000 km2. Ce serait surtout la parenté de l’homme avec les chimpanzés et les gorilles qui choquerait certains parents. «Dans quelques écoles, on veut bien parler de l’évolution des animaux, mais on ne parle pas des origines de l’homme. Dans la plupart des établissements, par contre, ces idées sont tolérées: on les explique à titre d’information mais, en général, on s’assure que les enseignants les présentent comme une théorie parmi d’autres, et non comme un fait», explique Gaston Pelletier. Face aux doléances des familles de Salluit, ce dernier a lui-même convenu avec l’administration de l’école «qu’on ne toucherait pas à l’évolution pour l’instant». «Quand il y a de la résistance dans une communauté, on respecte cela; on ne met pas de pression, par respect pour les croyances et la culture locales.»
Ces croyances n’ont cependant plus grand-chose à voir avec les traditions des Inuits. L’offensive anti-évolutionniste est plutôt associée à la ferveur religieuse des pentecôtistes, un mouvement protestant évangélique qui fait de plus en plus d’adeptes dans le Grand Nord depuis une quinzaine d’années (voir l’encadré). «Au Nunavik, il y a trois ou quatre enclaves où le pentecôtisme a une grande emprise sur une partie de la population. Ces personnes démontrent une certaine méfiance à l’égard de tout ce qui diffère du contenu de la Bible dont ils font une interprétation plutôt austère et traditionaliste», estime Jean Leduc, directeur de l’école de Kangiqsualujjuaq, dans la baie d’Ungava, où il travaille depuis bientôt 30 ans. Le mouvement demeure cependant marginal dans la plupart des villages, insiste-t-il. Son école à lui, par exemple, n’a jamais pris position contre la théorie de l’évolution ni reçu de plaintes à ce sujet.
N’empêche que des centaines d’élèves du Nord québécois se voient transmettre une version tronquée du programme, tandis que de nombreux autres apprennent à voir l’évolutionnisme comme une hypothèse qui n’a pas encore fait ses preuves. Au ministère de l’Éducation du Québec (MEQ), on marche sur des œufs. «C’est une question délicate, qui touche autant les écoles, la commission scolaire, le ministère de l’Éducation, les Affaires autochtones… Nous allons vérifier s’il y a des ententes particulières au sujet de l’évolution, mais c’est à la commission scolaire de s’assurer que le programme du ministère est bien respecté», dit la relationniste Marie-France Boulay. La commission scolaire Kativik, créée en vertu de la Convention de la baie James et du Nord québécois pour permettre aux Inuits de gérer leur propre système d’éducation, jouit bien d’une certaine autonomie, notamment en ce qui concerne la culture inuite et la langue inuktitute. «À part cela, les écoles de Kativik sont censées suivre le même régime pédagogique que tout le monde», affirme Marc Décarie, de la Direction générale de l’Abitibi-Témiscamingue et du Nord-du-Québec du MEQ, qui dit avoir informé ses supérieurs de la situation.
Le débat sur la théorie de l’évolution dans les écoles du Nunavik pourrait prendre une tournure très différente par rapport au reste de l’Amérique du Nord. Ici, on ne craint pas tant la confrontation entre religion et laïcité, droite et gauche, science et pseudo-science, mais plutôt une opposition entre Inuits et «Blancs du sud». «Nous sommes des Blancs, et nous enseignons dans une culture qui n’est pas la nôtre, poursuit Gaston Pelletier, de la commission scolaire Kativik. Les Inuits ont leurs propres idées et valeurs, et nous devons respecter cela. Nous leur apportons notre expertise, mais nous ne sommes pas des missionnaires et, pour l’instant, ils ne sont pas prêts! Et vous savez, il y a des problèmes bien plus urgents au Nouveau-Québec que l’enseignement de l’évolution de l’homme…»
Pentecôtisme: nouveau chamanisme?
Même si les Inuits ont adopté le christianisme depuis plusieurs décennies, ce n’est qu’au cours des 15 dernières années que le pentecôtisme a fait une percée au nord du 55e parallèle. Ce mouvement, une faction du protestantisme évangélique, met l’accent sur la présence de l’Esprit saint en chaque individu. Pour les catholiques romains, l’important est de croire. Pour les pentecôtistes, il est essentiel de faire l’expérience de Dieu, d’être habité par Lui; d’où leurs cérémonies spectaculaires au cours desquelles les fidèles tombent sur le dos, lèvent les bras au ciel ou chantent des heures durant.
Ce n’est pas un hasard si les Inuits ont adopté le pentecôtisme, estime Louis Rousseau, professeur au département de sciences des religions de l’UQAM. Selon lui, cette pratique religieuse permettrait indirectement de raviver certaines facettes de leur spiritualité traditionnelle qui était intimement liée à leur mode de vie de chasseurs. On assiste, par exemple, à une réinterprétation de la fonction du chaman, qui servait autrefois d’intermédiaire entre les êtres humains et les esprits, explique-t-il. Le chaman était habité par des êtres bienveillants qui, lorsqu’il entrait en transe, le guidaient dans le monde des esprits, quittant momentanément son corps lors de cérémonies rythmées par le tambour. « Le pentecôtisme est un christianisme extatique dont certains rituels rappellent les rites chamaniques », note le professeur.
Dans ce mouvement, on a aussi fortement tendance à attribuer les difficultés d’une communauté à la transgression de certains tabous, règles et valeurs. Au sein de la société traditionnelle inuite, c’était au chaman de voir à l’harmonie de la communauté en s’assurant du respect des règles. Mauvais temps, chasse difficile ou maladie étaient le résultat de la colère des esprits qu’il fallait apaiser. « Ces correspondances établissent un lien entre les deux traditions. C’est pourquoi les Inuits s’identifient plus facilement au pentecôtisme qu’à l’anglicanisme ou au catholicisme. »
Autres articles et appuis :
Objet : Incident de Salluit concernant l’interdiction d’enseigner l’évolutionnisme aux élèves du secondaire de la Commission scolaire Kativik
Non à la censure et au « créationisme » à l’école ! Oui au respect de l’héritage traditionnel inuit sans contradiction avec le savoir scientifique !
Montréal, le 30 mai 2006 – L’Association de l’enseignement du Nouveau-Québec (AENQ) et la Centrale des syndicats du Québec (CSQ) trouvent dangereuse et dénoncent la position prise par la Commission scolaire Kativik (CSK), le 23 mai dernier, concernant la censure de l’enseignement des principes de l’évolution biologique. L’Association et la Centrale rappellent à la commission scolaire ses responsabilités envers la population du Nunavik en vertu de la Convention de la Baie-James et du Nord québécois et elle l’incite à entendre l’appel lancé par le ministre Fournier pour assurer des services éducatifs de qualité aux élèves du Nunavik.
Elles souhaitent également que la commission scolaire cesse de perdre temps et énergie à encourager ou camoufler la censure dans ses écoles et qu’elle se concentre plutôt à créer un espace de dialogue entre les Inuits habitant les communautés du Nunavik et les enseignants « qallunat » (allochtones), dans le but de renforcer leur respect et confiance mutuelles nécessaires pour assurer aux élèves les services auxquels ils ont droit.
D’ailleurs, le président de l’AENQ, monsieur Patrick D’Astous, souligne qu’« il n’y a pas contradiction entre la transmission par les enseignantes et les enseignants de l’héritage culturel des peuples autochtones, notamment dans les récits oraux de création du Monde et les savoirs fondés sur la science tels que l’évolutionnisme. Le programme d’histoire de 4e secondaire adapté par les Cris en est un exemple parfait ».
« Interdire les explications basées sur des connaissances scientifiques tel que l’a fait la commission scolaire Kativik est inacceptable et dangereux. Dans le cas de monsieur April, l’enseignant à Salluit, cela revient à censurer les informations que peuvent transmettre les enseignants aux élèves du Nunavik et ce, au nom de dogmes religieux comme ceux prescrits par l’église Pentecôtiste. À quand l’embauche d’enseignantes et d’enseignants basée sur des critères religieux ? »
Le président de la CSQ, monsieur Réjean Parent ajoute pour sa part que « les élèves du Nunavik doivent avoir droit à la même qualité d’enseignement que celle que reçoit l’ensemble des élèves du Québec ». Il précise que cela doit se faire dans le respect des différences culturelles de chaque communauté.
Profil de l’AENQ
L’Association de l’enseignement du Nouveau-Québec, affiliée à la CSQ, regroupe plus de 1300 membres. Elle représente les enseignantes, les enseignants et le personnel de soutien des commissions scolaires Kativik et Crie.
Président AENQ
Téléphone : 514 356-8888
Cell. : 514 714-2396
Site Web : http://aenq.csq.qc.net/
June 2, 2006
Teachers’ union backs evolution “It’s respect for students and their intelligence”
JANE GEORGE – Nunatsiaq News
D’Astous said students in Nunavik will pay for the exodus of teachers who will leave if they feel they can’t teach according to how they were trained.
“It’s not too smart. Personally, I think the school board is on a slippery slope to say the church can have a direct impact on schooling, and they seem not to acknowledge that they’re having more and more trouble recruiting teachers,” D’Astous said.
“They should be doing anything they can to keep their teachers there. It seems to mean nothing to them that their teachers are leaving.”
D’Astous said the union will continue to remind the KSB that they have to respect the professional independence of teachers.
“We can tell our members that they don’t have to respect any directive coming from educational committees or the school board that could limit your autonomy — you don’t have to respect it and we will defend you.”
There’s no way around talking about evolution in science and history classes, D’Astous said — but there’s a way of bringing other views into the discussion.
“That’s respect — it’s respect for students and their intelligence, and for their future in the modern world,” he said.
The union stepped into the fray when Salluit’s school committee wanted to take disciplinary action against Alexandre April for teaching evolution at Ikusik School. D’Astous said he determined that there were no official grounds for this, but, as a result, April ended up with a reprimand.
This was the first time Salluit’s school committee — whose members include Qalingo Angutigirk, Elasuk Pauyungie, Susie Alaku, Molly Tayara, Joanna Alaku, Josepi Padlayat and Kululu Tayara — intervened in a pedagogical issue.
D’Astous said this was the first time the issue of teaching evolution has officially surfaced with the union as well.
D’Astous said he doesn’t understand why Nunavimmiut would want to turn away from evolution — one of the backbones of modern science.
“Science is completely turning the environment upside down, and we’re going to put our heads in the sand and say that science doesn’t exist? On the contrary, we should understand science, master it, and be able to say that we can use it,” he said. “Soon, there won’t be any more ice in the Arctic. The world is changing. Inuit have to embrace education — it’s the only door open.”
ALLISON LAMPERT- The Gazette
Published: Saturday, May 20, 2006
A high school science teacher vowed yesterday to continue telling his Inuit students about Charles Darwin’s theory of evolution, despite complaints from parents in the northern Quebec community of Salluit.
Science teacher Alexandre April was given a written reprimand last month by his principal at Ikusik High School for discussing evolution in class.
Parents in the village 1,860 kilometres north of Montreal complained their children had been told they came from apes.
« I am a biologist. … This is what I’m passionate about, » said April, who teaches Grades 7 and 8. « It interests the students. It gets them asking questions.
« They laugh and they call me ‘ape,’ but I don’t mind. If I stopped, they would lose out. »
April, who is leaving the town when his contract runs out at the end of the school year, said the principal first told teachers last fall not to talk about evolution.
Debate over the teaching of evolution in Salluit – a village of 1,150 located along the northern coast of Quebec, between Ungava and Hudson bays – is pitting an increasingly religious Inuit population against a Quebec education system that’s becoming more and more secular.
Although April, 32, won’t be punished, his reprimand has outraged Quebec’s scientific community.
« What he’s doing is right and it’s best for the kids, » said Brian Alters, director of the Evolution Education Research Centre at McGill University. « Science should not be de-emphasized for non-science. »
Over the years, controversy over the teaching of evolution has erupted in Pennsylvania, along with U.S. states in the so-called Bible Belt. In November, the Kansas State Board of Education approved science standards that cast doubt on evolution.
But with heightened religious fervour among the Inuit and Cree in northern communities, some observers suggest Canada might have its own Bible North.
Molly Tayara, a member of the Salluit school’s volunteer education committee, said she’d tell her four school-age children to walk out of a lesson on Darwin.
« The minister (of education) may have come from apes, but we’re Inuit and we’ve always been human, » she told The Gazette in a phone interview.
« Most of us rely on God’s word. … God made Adam and Eve and they weren’t animals. »
Legally, Inuit schools in Quebec’s north must teach evolution, as it’s part of the provincial curriculum. After April’s story came out this week in the magazine Quebec Science, Education Department officials immediately called the school to ensure the curriculum was followed.
Topics like reproduction and diversity of species are part of Science and Technology, a course for Grades 7 and 8. Darwin’s work, based on the premise that humans and other animals have evolved over time, is further covered in Grade 11 biology – an elective course.
« We want the curriculum to be applied. We’re just saying the theory of evolution could be taught more delicately to students, » said Gaston Pelletier, director of educational services for the Kativik School Board, which serves northern Quebec’s 14 Inuit communities. « We have to respect their view. »
The Anglican and Pentecostal churches have been present for decades in towns like Salluit. Yet formal education under Kativik has existed only since 1978.
« The missionaries have been in the north much longer than the scientists, » noted Lisa Koperqualuk, a spokesperson for the Makivik Corp. – a non-profit body created in 1978 to manage Inuit compensation money from the James Bay and Northern Quebec Agreement.
« Inuit parents have not been taught the theory of evolution, so when they hear about it in fragments, it doesn’t make sense. »
Religious fervour has also increased among the Cree, with one town banning bingo games because games of chance conflict with their faith, said Patrick D’Astous, president of the Northern Quebec Teachers Association.
Alters argues that many biologists believe in evolution as well as God: « People who think evolution denies religion don’t know much about evolution. »
May 19, 2006
No Darwin please, we’re in Nunavik “No one wants to upset people, so it’s easier to give in”
JANE GEORGE – Nunatsiaq News
A Salluit teacher received national attention last week for an article in the most recent edition Québec Science magazine that details his experience teaching Charles Darwin’s theory of evolution to students at Ikusik School.
Alexandre April said he received an official reprimand from the local school committee after he showed his class an animated series about civilization, called “Once upon a time there was man…” [Il ét ait une fois l’homme].
Evolution is usually part of the science and technology course taught in Grade 7 and 8 throughout Quebec.
April, a biology teacher, said the official reprimand followed an earlier warning from school administrators not to teach evolution.
“As soon as I spoke about any period 6,000 years before our own, I was considered to be in the wrong by the school administration,” April told the French-language magazine.
The theory of evolution developed by British scientist Charles Darwin says complex creatures evolved from simpler ones over time by “natural selection” — that is, when the passing of characteristics, which help survival, from one generation to the next and over time can change a dark brown grizzly bear, say, into a white polar bear.
Critics of evolution say “creationism,” or the belief in the biblical creation of the world as described in Genesis, is a better explanation for the diversity of the world’s species.
The theory of “intelligent design” is also presented as an alternative to evolution. Intelligent design asserts that certain features of the universe and of living things are best explained by an intelligent cause, not a process such as natural selection.
“Most teachers don’t want to make waves,” April told Québec Science.
“It’s already hard enough to work in an Inuit community because you’re isolated and in a minority. No one wants to upset people, so it’s easier to give in. But it’s still a public school and students should have the right to the same education as others.”
April does not plan to return to teach in Salluit next year.
Annie Alaku, the school director, and Charles Roy, assistant director, did not want to speak to Québec Science.
But the Kativik School Board is supposed to follow the same curriculum as everyone else in Quebec, according to the provincial education department.
Gaston Pelletier of the KSB told Québec Science that there were “more urgent questions in Nunavik than the teaching of evolution.”
The theory of evolution, accepted by virtually all scientists for more than 100 years, holds that human beings evolved tens of thousands of years ago from ape-like creatures. A recent international DNA study found that 99 per cent of the “life-code” genes carried by chimpanzees are identical to those carried by human beings. |
Billet- Sauf votre respect
par Raymond Lemieux
(Québec Science)
L’école nous met au diapason de l’aventure humaine et au fait de l’avancée des connaissances. Elle nous rappelle que notre monde ne s’est pas fait en six jours, au risque de brusquer encore quelque croyance religieuse. Toutefois, cela n’est pas admis partout, nous a fait remarquer un enseignant de Salluit – un village du Nunavik de 1 146 habitants, dont 336 élèves. Lorsqu’il s’est permis d’ouvrir les yeux des jeunes Inuits sur leurs origines, il a été rappelé à l’ordre. Nous révélions cet incident, qui n’a rien d’anodin, dans notre édition de juin dernier. La nouvelle a fait le tour du pays et a même été relayée outre-Atlantique. La réplique de la commission scolaire Kativik, dans le nord du Québec, est tout simplement ahurissante: les autorités pédagogiques invoquent le respect pour balayer la théorie de l’évolution, le singe et Homo sapiens, sous la glace.
Le respect.
De son côté, l’enseignant qui a quitté la région depuis, persiste à dire que “les élèves devraient avoir le même droit à l’éducation que les autres” et qu’il est donc bien normal de parler de l’évolution de l’homme à l’école. Étrangement, cela revêt un “caractère délicat” aux yeux des autorités. La direction scolaire a renchéri en émettant un communiqué précisant que “les Inuits du Nunavik devraient avoir également droit à ce que leurs points de vue et leur mode de vie soient respectés par nos enseignants”. Pardon, mais c’est quoi le rapport?
Une autre perle, dans le même communiqué: “Nous encourageons nos élèves à avoir l’esprit ouvert et à penser par eux-mêmes. Nous nous attendons à ce que nos élèves développent le respect des autres cultures en reconnaissant la diversité culturelle et les valeurs des autres peuples. Nous avons certainement le droit de nous attendre au même traitement de la part de nos enseignants.” Mais qu’est-ce que cela veut dire laisser “penser les élèves par eux-mêmes”? Doivent-ils apprendre les mathématiques, l’inuktitut, l’anglais ou le français par eux-mêmes? C’est le Saint-Esprit qui va leur enseigner cela? Une telle approche aurait de quoi nous inquiéter dans n’importe quelle école de Montréal, de Québec ou de Rimouski!
Heureusement, le ministre de l’Éducation, Jean-Marc Fournier, a remis les pendules à l’heure en soulignant que Darwin et l’évolution ont bel et bien leur place à l’école. Il n’empêche que les arguments des responsables scolaires de la région trahissent une vision réductrice de l’enseignement des sciences. Il n’est pas certain que cela serve les jeunes Inuits.
Rassurons les directions scolaires concernées: d’excellents chercheurs, vulgarisateurs et enseignants pourraient épater les élèves en leur racontant les 6 millions d’années d’évolution qui ont fait de nous une espèce capable de vaincre la variole, de construire des ordinateurs, de lancer des sondes spatiales. Et cet enseignement-là peut se faire avec beaucoup de respect, car – permettons-nous un peu de moralisme – il n’y a pas de transmission de connaissances sans respecter la personne qui apprend.
Des universitaires canadiens écrivent une lettre collective en appui à l’enseignement de l’évolution dans les cours de science. Cette lettre a été adressée à la commission Scolaire Kativik à la suite du dévoilement de son attitude rétrograde par Québec Science.
Le biologiste renommé Theodosius Dobzhansky a dit « Rien en biologie n’a un sens excepté dans le contexte de l’évolution »; ce commentaire est aussi vrai aujourd’hui qu’il l’était quand il l’a exprimé il y a plus de 30 ans. La théorie de l’évolution est fondatrice en biologie. C’est la théorie unificatrice qui fournit une structure connectant tous les aspects des sciences biologiques. Enseigner la biologie sans l’évolution c’est comme enseigner la chimie sans les atomes.
Ce n’est pas seulement la biologie qui souffre si on en exclut l’enseignement de l’évolution. Cette dernière est un des plus importants concepts des sciences et sert d’exemple pour expliquer plusieurs phénomènes par des principes fondamentaux. En évitant l’enseignement de ce concept, on compromet la base même de l’entreprise scientifique que chaque étudiant et étudiante devrait comprendre.
Le « design intelligent » est souvant présenté comme alternative à la théorie de l’évolution. Soyons bien clairs: le ‘design intelligent’ n’est rien d’autre que le créationisme — un concept religieux et non pas une théorie scientifique. Tous ont droit à leurs croyances religieuses, mais celles-ci ne doivent pas être enseignées comme théories scientifiques. De ce faire diminue la valeur de la religion et celle de la science.
Il y a aujourd’hui des questions pratiques qui se présentent et qui impliquent l’évolution et la médecine humaine, l’industrie, et l’agriculture. Comme exemple, nous devons avoir une bonne connaissance de l’évolution afin de connaître les mécanismes de résistance des microbes aux antibiotiques, ainsi que la résistance des insectes aux pesticides.
Chaque étudiant et étudiante a le droit d’obtenir une bonne éducation scientifique, et celle-ci doit inclure la théorie de l’évolution. Ne plaçons pas de limites sur nos étudiants et étudiantes en leur niant les connaissances de ce sujet important.
Abouheif, Ehab, McGill University
Albert, Paul J., Concordia University
Amyot, Marc, Université de Montréal
Battistini, Bruno, Université de Sherbrooke
Beisner, Beatrix, UQAM
Belisle, Marc M., Université de Sherbrooke
Berteaux, Dominique, UQAR
Brown, Grant, Concordia University
Brown, Gregory, McGill University
Cabana, Thérèse, Université de Montréal
Chase, Ronald, McGill University
Cloutier, Conrad, Université Laval
Dent, Joseph, McGill University
Despland, Emma, Concordia University
Ferguson, Ian, Concordia University
Festa-Bianchet, Marco, Université de Sherbrooke
Fortin, Daniel, Université Laval
Giraldeau, Luc-Alain, UQAM
Grant, James, Concordia University
Green, David, McGill University
Guderley, Helga, Université Laval
Gulick, Patrick, Concordia University
Harrison, Paul, McGill University
Hekimi, Siegfried, McGill University
Herre, Edward, McGill University
Krahe, Rüdiger, McGill University
Kramer, Donald, McGill University
Lafontaine, Daniel, Université de Sherbrooke
Lapointe, Line, Université Laval
Lasko, Paul, McGill University
Lebel, Denis, Université de Sherbrooke
Leblanc, Benoit, Université de Sherbrooke
Levine, Robert, McGill University
Lord, Daniel, UQAC
McGill, Brian, McGill University
McLaughlin, J. Daniel, Concordia University
Neumann, Peterjurgen, Université de Montréal
Newman, Elaine B., Concordia University
Pflieger, Jean-François, Université de Montréal
Pollack, Gerald, McGill University
Poole, Ronald, McGill University
Prairie, Yves, UQAM
Ricciardi, Anthony, McGill University
Richardson, Michael, Bishop’s University
Roy, Richard, McGill University
Roy, Suzanne, UQAR
Rozen, Rima, McGill University
Schoeck, Frieder, McGill University
Schoen, Daniel, McGill University
Shipley, Bill, Université de Sherbrooke
St-Arnoud, Marc, Université de Montréal
Steimle, Viktor, Université de Sherbrooke
Stroeher, Ginny, Bishop’s University
Talbot, Brian, Université de Sherbrooke
Thiffault, Nelson, Université de Sherbrooke
Titorenko, Vladimir, Concordia University
van Hulst, Robert, Bishop’s University
van Meyel, Donald , McGill University
Villeneuve, Claude, UQAC
Widden, Paul, Concordia University
Zerges, William, Concordia University
May 19, 2006
Some Inuit side with unhappy teacher
Devastated that his name was published in connection with comments that appeared in Québec Science, beleaguered teacher Alexandre April, 32, now faces a difficult end to the school year in Salluit.
However, many in Salluit support his openness and determination, April said in an interview from Salluit: they tell him they want their children to learn what they need to know in today’s world.
“Some Inuit tell me that they agree we should be teaching the same subjects as in the South ‘if we want our young people to go into the sciences, so they will become technicians, nurses, biologists, doctors and dentists.’ For these careers, they have to have a scientific background, so it’s normal they have instruction about science,’ April said.
But April said his supporters in Salluit are often too scared to speak out in favour of freedom of expression.
A posting on the Nunatsiaq News talk-back web site from a Salluit resident said, “I do believe that we should be able to be taught this [evolution] in school, and it is up to the students to decide if it seems relevant or not… each and every one of us should be able to learn what is taught to see if it is valid to use for us while on this planet.”
April said his students are eager to ask questions and learn about everything, and he has tried to satisfy this curiosity over the past year in Salluit.
However, evolution is just part of what students in Salluit aren’t supposed to be learning. Information about differing religious views and homosexuality were also apparently not welcomed in Ikusik School and classrooms: teachers were discouraged from speaking about other world religions, while posters featuring telephone numbers to help students deal with homosexuality were taken down.
Commentaires des lecteurs (Nunatstiaq News) :
June 2, 2006
Is the KSB censoring evolution?
I was reminded of stories out of backwoods — and backwards — towns in the southern U.S. when I heard CBC’s coverage and later read in Nunatsiaq News of the hurdles faced by a Nunavik teacher trying to teach about evolution. This is Canada and this is scary.
Evolution was not a traditional belief in any culture. Darwin, a Christian man himself, was deeply troubled at the implications of his findings. But the evidence just kept building and still does – from the fossil record to animal observations to DNA analysis.
The latest attempt to debunk evolution is the entirely bogus “intelligent design” explanation. Why don’t we instead respect the intelligence of our kids who, after being offered up the evidence, can choose to believe whatever they want to?
There should be room to learn about religion (all religions) and alternative theories in social studies classes but, please, leave science alone.
A topic that arose in the same article is the school’s systematic obstruction of support for youth struggling with sexuality issues. Those that took down the signs for helplines have themselves been partially to blame for our high northern suicide rate. It is known that gay, lesbian and bisexual young people kill themselves at up to seven times the rate of heterosexuals — thanks to rejection and social ostracization among other factors.
Despite the Kativik School Board’s explanation as to why they discourage teaching about the theory of evolution (found on their website posting on May 23 at www.kativik.qc.ca); discrimination, teaching of only one religion (as per Nunatsiaq News) and discouraging a teacher’s prerogative to teach evolution sounds an awful lot like censorship to me.
I had understood traditional Inuit culture to be inclusive and non-judgmental. Is it not so for some people in Salluit?
Madeleine Cole
Iqaluit
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