Nier un problème n’aide pas à le résoudre
Tu peux vouer un culte à Franfreluche. Si ton rite de prédilection c’est de bouffer du sable, tu peux ben t’en faire péter la panse. Pas de problème avec ça. Seulement voilà, tu voudrais bien qu’on accommode ton délire sous prétexte qu’il est religieux. Pour toi, culture et religion c’est kifkif. Et comme t’es en terre cana’ienne, pays dont la constitution fait allusion à Dieu, pays des droits et de la liberté de culte à la mode anglo-saxonne, tu te pètes les bretelles. Ici, il n’y a que les extravagances religieuses qui soient accommodées, surtout lorsqu’elle flirtent avec les plus grosses sectes. Pas question d’aller au charbon à la fonction publique fringué en astronaute! Par contre si tu veux avoir l’air d’une ruche – lire niqab, le voile intégral – pas de soucis! Mais voilà, des indépendantisses ethniques (ouf!) bousculent ton univers. Veulent cesser de répondre aux gens en terme de spécificités. Veulent pas encourager les communautarismes.
Bon, j’suis pas dupe, j’le vois l’électoralisme Péquisse qui dégouline. En effet, le loser cloué sur son bâton doré, lui, il peut rester à l’Assemblée Nationale. Mais les autres politiciens, le gros Couillard et compagnie, c’est pas du calcul électoraliste qu’ils font eux? C’est juste que je ne peux m’empêcher de voir dans cette charte mal nommée un pas dans la bonne direction; et que je suis plutôt fier qu’on soit le seul peuple d’Amérique à avoir ce débat.
Mais misère! Le piège du modèle Ricain et Britannique : tout le monde est beau, tout le monde est gentil, tout le monde croit ce qu’il veut, n’importe où, n’importe comment. On voit le résultat! Les intrusions religieuses se multiplient, les communautés s’isolent et se braquent dans leur coin. Vivre ensemble, que nenni! Viennent alors, moralisateurs et paternalistes, nos fédéralisses. Peuvent ben manger de la marde à v’nir nous rappeler qu’on reste une colonie, un peuple inféodé. Qu’est-ce qu’ils viennent nous foutre ici? Ouste!
Entre-nous maintenant.
Et je dirais même plus, entre gauchisses. Je m’adresse en particulier aux disciples de Mère Théresa David, le phénomène Montréalais comme y disent dans les torchons. Vous nous dites qu’on dilapide le droit à l’inclusion. Idiots utiles, vous faites ainsi la part belle à l’extrême droite qui attise l’islamophobie en pointant les arabes. Contents aussi les gourous religieux, trop heureux de cet appui qui trahit une lutte ancestrale de la gauche. Mais ces madames sur lesquelles vous attirez inévitablement l’attention, recluses derrière du tissu, libre à elles de patauger dans le machisme de leur grande secte masochiste! Chacun ses délires, musulmane, cathos, ou franfreluchéenes… Seulement, je réclame une ligne rouge, une zone neutre : c’est l’État et les mioches – écoles et garderies. Et du coup, un signal envoyé aux petites, celles qui n’ont pas choisi d’être éttiquetées d’un label religieux. Celles qui sont nées, par hasard, au sein d’une tradition et qui souvent trouvent que sa pèse en sacrement. On ne sourcille plus qu’un gamin soit qualifié de catholique ou de témoin de Jéhovah, alors qu’on serait offusqué que ce même lardon soit désigné comme étant marxiste! Les enfants naissent « neutres » et plus tard, il est bon de leur rappeler qu’il existe aussi un monde sans religion. D’autre part, Bouchard et Taylor, leur proposeront aussi un abject buffet de religions exempt de perspectives historiques dans le cadre du cours d’éthique et cultures religieuses… Mais ça c’est une autre histoire.
La laïcité dans un Québec pluraliste, c’est aussi une fenêtre pour toutes ces héroïnes, Saoudiennes, Iraniennes, Soudanaises, qui résistent sous la charia ou autres carnavals testostéronaux et autoritaires. Quoi qu’en disent les féminisses de la FFQ, dès qu’on flirte avec les grandes sectes monothéistes, quelle qu’elle soit, on se retrouve forcément à aménager le recul du droit des femmes.
La laïcité, quand elle est poreuse, c’est aussi la porte ouverte au créationisme, à l’obscurantisme et à l’homophobie. Mais ça, on en parle trop peu. Pourtant, les States, c’est juste en dessous… Pourtant, le Nunavik, c’est juste au-dessus. Et entre les deux, les pasteurs exaltés de la Bible Belt, le vent dans les voiles, se ruent, avides, sur cette terre de brebis égarées. Ils s’incrustent à Ottawa où il pèsent déjà lourd. Mais ça, j’en ai déjà parlé sur ce blog…
Bref, nier un problème n’aide pas à le résoudre. Des balises calice! À gauche, sortez de votre angélisme! Appelez vos députés!
Et rappelez vous que le vent, ça tourne vite en crisse. ‘gardez ça : Nasser parlant de son entretien avec les frères musulmans sur la question du voile
« Il y a une monopolisation de la parole, de la part d’une petite élite multiculturaliste qui s’arroge le droit de confisquer la parole publique et de monopoliser le débat. Et c’est regrettable parce que ça se fait avec la complicité des médias, et notamment le service public. » — Djemila Benhabib
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Déclaration des Intellectuels pour la laïcité – Pour un Québec laïque et pluraliste – 16 mars 2010 | Collectif d’auteurs | Le Devoir
La laïcité est une condition du pluralisme
Pour qu’une société soit authentiquement pluraliste, c’est-à-dire respectueuse de toutes les convictions en matière de religion, il est nécessaire que l’État et ses institutions s’obligent à une totale neutralité à l’égard de ces convictions. Cette neutralité signifie que l’État reconnaît et respecte la liberté de tous les citoyens d’adopter et de propager leurs convictions dans la mesure où cet exercice s’accomplit à l’intérieur des limites des lois de l’État.
La laïcité permet de gérer le pluralisme social sans que la majorité, qui en fait aussi partie, renonce à ses choix légitimes et sans brimer la liberté de religion de quiconque. Loin d’être une négation du pluralisme, la laïcité en est l’essentielle condition. Elle est la seule voie d’un traitement égal et juste de toutes les convictions parce qu’elle n’en favorise ni n’en «accommode» aucune, pas plus l’athéisme que la foi religieuse. Le pluralisme ainsi entendu n’est ni celui des minorités ni celui de la majorité. Elle est aussi une condition essentielle à l’égalité entre hommes et femmes.
La laïcité dite «ouverte», par contre, s’avère être en pratique une négation de la laïcité de l’État puisqu’elle permet toute forme d’accommodement des institutions publiques avec une religion ou une autre. Elle ne respecte donc pas les principes structurants de la laïcité qui sont la séparation du religieux et de l’État et la neutralité de ce dernier. Les aménagements de cette laïcité «ouverte» convergent avec les objectifs des groupes religieux conservateurs qui cherchent à faire prévaloir leurs principes sur les lois en vigueur. Au mieux, c’est un mode de gestion au cas par cas de la liberté de religion dans la sphère publique, favorisant l’arbitraire, mais ce n’est certainement pas une théorie de la laïcité de l’État.
Pour être neutre, l’État doit se déclarer neutre. Bien que les tribunaux aient statué qu’il n’y avait pas de religion d’État au Québec et au Canada, nos législations souffrent d’un déficit en cette matière puisque la laïcité de l’État n’est nulle part affirmée. Le principe de la séparation des religions et de l’État a été érigé à la pièce par les tribunaux, et rien n’empêcherait que ce principe soit un jour déconstruit à la faveur de revendications contraires ou de nouvelles interprétations juridiques. La protection législative de la laïcité est donc essentielle.
La laïcité fait partie de l’histoire du Québec
Au Québec, la défense des idéaux laïques ne date pas d’aujourd’hui. En témoigne l’oeuvre de Fleury Mesplet pour la diffusion des Lumières au Canada à la fin du XVIIIe siècle. L’idée de la séparation de l’État et des Églises figurait également dans la Déclaration d’indépendance de 1838 proclamée par les Patriotes. Le principe a par la suite été défendu par l’Institut canadien avec les Papineau, Dessaulles, Doutre et Buies. Plus tard, le premier ministre Adélard Godbout, soutenu par son ministre Télesphore-Damien Bouchard, tiendra tête à l’Église catholique en accordant le droit de vote aux femmes et en adoptant une loi sur l’instruction obligatoire.
L’affranchissement du joug religieux se retrouve ensuite au coeur du manifeste Refus global qui préfigure la Révolution tranquille. Dans les années 60, c’est le Mouvement laïque de langue française qui portera la cause en réclamant l’école publique laïque. En 1975, le Québec adopte la Charte des droits et libertés qui reconnaît la liberté de conscience et l’égalité des religions, deux notions essentiellement laïques. Et récemment, la déconfessionnalisation des structures scolaires a été complétée.
Si l’idée d’un État laïque est antérieure aux Patriotes, on ne peut donc pas dire que la laïcité est une réaction défensive face aux minorités issues de l’immigration récente. La déconfessionnalisation des institutions publiques s’est faite au nom de la liberté de conscience et du pluralisme. C’est aussi sur ces principes que reposent les actions visant à mettre un terme aux prières dans les assemblées municipales ou encore les demandes de retrait des crucifix des tribunaux, des salles municipales et de l’Assemblée nationale. En aucun cas les droits des minorités ne sont-ils menacés par cette laïcisation; bien au contraire, un grand nombre d’immigrants qui ont fui des régimes autoritaires et théocratiques sont d’ardents défenseurs de la laïcité.
La laïcité fait donc partie du paysage historique québécois et ses acquis récents caractérisent le Québec moderne.
La neutralité de l’État comporte des exigences
La neutralité de l’État s’exprime par la neutralité de l’image donnée par ses représentants. Ces derniers doivent donc éviter d’afficher leur appartenance religieuse, philosophique ou politique.
L’idée selon laquelle la laïcité s’impose aux institutions et non aux individus qui y oeuvrent est un faux-fuyant conduisant à nier le principe de laïcité. Cette idée n’est d’ailleurs pas respectée dans les aménagements de la laïcité «ouverte». Le rapport Bouchard-Taylor, par exemple, propose d’interdire le port de signes religieux aux juges, aux procureurs de la Couronne, aux policiers, aux gardiens de prison et au président de l’Assemblée nationale parce que leurs postes «incarnent au plus haut point la nécessaire neutralité de l’État». L’État, c’est donc aussi ses agents. Mais en limitant l’interdiction à ces seules fonctions, on établit un double régime au sein même de la fonction publique.
Si les représentants du système judiciaire doivent s’imposer un devoir de réserve quant à l’expression de leurs convictions religieuses aussi bien que politiques, cela doit logiquement s’appliquer à tous les représentants de l’État, a fortiori aux éducateurs qui passent des années avec des enfants de toutes les convictions. L’école publique n’est plus neutre si le corps enseignant ou les membres de la direction affichent ouvertement leur adhésion à une religion ou leur athéisme. Le programme d’Éthique et culture religieuse oblige d’ailleurs les enseignantes et les enseignants à une position de neutralité religieuse; si cette neutralité leur impose de faire abstraction de leurs croyances, cette exigence les oblige logiquement à s’interdire le port de signes religieux.
Le signe religieux étant un langage non verbal qui exprime la foi, les croyances, l’appartenance religieuse et le code de valeurs de la personne qui le porte, il est normal que l’employé de l’État s’abstienne d’un tel discours puisque l’usager des services publics n’a pas à y être soumis lorsqu’il fréquente des institutions par définition neutres. Sans que le signe religieux remette en cause le professionnalisme de l’employé, l’affirmation de ses croyances s’avère incompatible avec la nature de sa fonction. Accepter ces signes risquerait par ailleurs de conduire à une surenchère d’expression de convictions qui n’est certes pas souhaitable dans la sphère publique. Et l’on ne peut faire abstraction du fait que certains des signes les plus ostentatoires représentent pour plusieurs un rejet de l’égalité des sexes qui est une valeur démocratique fondamentale.
D’autre part, l’interdiction de manifester sa foi par des signes religieux durant les heures de travail n’entraîne pas, pour le croyant, la négation de sa foi. Il est fort possible que cet aménagement, qui correspond aux exigences de neutralité du poste convoité, soit tout à fait acceptable par les personnes désireuses de travailler pour l’État. Dans les années 60, les religieux et les religieuses qui oeuvraient dans les établissements de santé et d’enseignement ont accepté d’abandonner leur tenue religieuse pour continuer de travailler dans des institutions qui passaient aux mains de l’État. Cela s’est fait sans que personne ait eu à renier ses croyances ni à renoncer à sa liberté de conscience ou à l’exercice de son culte.
Plusieurs jugements de la Cour européenne des droits de l’homme ont reconnu que la liberté de religion telle qu’elle est définie dans la Déclaration universelle des droits de l’homme n’allait pas jusqu’à obliger un État à accepter le port de signes religieux de la part de ses employés. Une autre culture juridique, fondée sur les mêmes droits fondamentaux que les nôtres, est donc possible. Mais pour cela, la laïcité de l’État doit être clairement affirmée dans un texte de loi, notamment dans la Charte des droits et libertés pour lui assurer une portée quasi constitutionnelle.
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Daniel Baril, Marie-France Bazzo, Jacques Beauchemin, Paul Bégin, Henri Brun, Christian Dufour, Jacques Godbout, Jean-Claude Hébert, Yvan Lamonde, Bernard Landry, Julie Latour, Christiane Pelchat, Guy Rocher
* Illustration: Christian Tiffet
Une centaine d’autres personnes ont également signé cette déclaration dont la liste complète est publiée sur le http://www.laicitequebec.org/
Et pour rigoler…
Czech « Pastafarian » wins right to wear kitchen utensil as official religious head gear
A man who claims his religion requires him to wear a sieve on his head has been granted permission to use a photo of himself wearing it – on his official ID card.
Lukas Novy, a follower of the Church of the Flying Spaghetti Monster, says the plastic kitchenware is a crucial part of his “Pastafarian” faith, and he must wear it at all times to respect his deity; a monster made of spaghetti and meatballs.
Czech officials ruled that rejecting his request would be a breach of the country’s religious equality laws, and have subsequently turned the other cheek as the 28 year old, from Brno, updated his ID card with the controversial image.
The Church of the Spaghetti Monster first emerged in the USA in 2005 as a mockery of organised religion. Now the thousands of online followers insist that “Pastafarianism” is a genuine religion, and refer to their almighty as “His Noodliness”.
Followers claim that that universe was created by the ball of noodles after “drinking heavily”.
In a statement from Brno City Hall, spokesman Pavel Zara explained: “The application complies with the laws of the Czech Republic where headgear for religious or medical reasons is permitted if it does not hide the face.”
Fellow “Pastafarian”, known as Soorej Jones Pothoor, said he feels discriminated against because of his unrecognised religion: “They (people of other beliefs) tell that the Lord Jesus is the one who’ll save you, not a ball of Spaghetti you moron.” And I say, “How dare you call my lord a ball of spaghetti, what proof do you have that Jesus will save you, a book? We don’t even need a proof, it’s all around us.”.
The Czech Republic is the second country to accept the cooking utensil as official religious head gear, following Austria when businessman Niko Alm won the right to wear a similar sieve on his driving licence photo. Many countries still refuse to accept the pasta strainer as such, and other people in counties such as Poland have failed.